Le DRH face au risque de l’immobilisme ou au risque de l’innovation ?

Actes du colloque du 6 octobre 2017

Par Françoise GRI
Ancienne Présidente d’IBM France et de Manpower France,
accompagnement des dirigeants dans leurs stratégies de transformation digitale

En introduction, Françoise Gri pose le cadre de l’environnement dans lequel nous évoluons. Le digital n’est pas un sujet technologique mais un sujet humain, qui nécessite l’adaptation des usages, et un sujet qui change nos pratiques. L’accompagnement des usages s’impose bien que le s transformations aillent à une telle vitesse qu’il sera difficile de les anticiper.

Les sociétés et organisations vont devoir faire avec quatre générations qui ont une histoire et une relation avec les technologies totalement différentes. Françoise GRI illustre ses propos en citant le secteur du tourisme, bouleversé et remodelé par le digital. La relation avec le client est complètement modifiée dans la mesure où les professionnels doivent s’adapter à ces attentes.

Selon les études, entre 10 et 37% des emplois vont disparaître. Si l’on n’anticipe pas, on connaîtra des chocs sociaux importants. 87% des métiers auront une interface digitale, le collaborateur augmenté bénéficiera de l’aide d’un robot et des algorithmes. Nombre de tâches seront réalisées par l’intelligence artificielle, ce qui modifiera la configuration des emplois. Cette évolution n’est pas dans 20 ans mais plutôt dans 5 ou 7 ans. C’est bien à un changement, non pas de processus, mais de culture que nous sommes confrontés. Le digital impose de reprendre du sens. Les organisations devront mettre le client ou l’usager au centre.

Les équipes auront besoin d’autonomie et d’un système d’information performant mais aussi d’agilité et de travailler en projet. Les organigrammes ne définissent plus ce que l’on fait. Il en est de même pour les fiches de poste. Nous devons sortir d’un schéma figé et réinventer le management pour encourager avec bienveillance. Cette tension positive nécessite de manager de manière plus humaine, d’instaurer une conversation managériale, de redonner du sens et d’expliquer.

Concernant les RH, est-ce que les DRH gèrent d’un point de vue technique ou vont-ils un cran plus loin, en étant parties prenantes des décisions ? Il est urgent qu’ils prennent ce pouvoir. Des chefs de la transformation œuvrent aujourd’hui dans certaines organisations et, s’ils ne font pas de l’humain, ils vont échouer. On ne sait pas si les DRH existeront demain. La partie technique subsistera (formation, ingénierie sociale) et si le DRH reste enchaîné à cette dimension, quelqu’un d’autre prendra la stratégie ou fera les deux à la fois. Ce serait plus pertinent que ce soit le DRH. Il ne peut plus ne pas prendre part à la décision stratégique et à la conduite de ces changements. Le leadership de demain va changer. Il ne sera plus le fait d’un homme mais une pratique collective. Les organisations seront performantes si tous les collaborateurs ont l’énergie, la façon de faire, le leadership et considèrent qu’avancer n’est pas un risque mais une belle aventure.Quand on se transforme il, faut être curieux de demain et de ce qui se passe ailleurs. Le terme curiosité venant du latin curare, Françoise Gri conclue son intervention en citant Eric Orsenna « être curieux, c’est prendre soin de soi et de ceux dont on a la responsabilité ».